AR SEIZ BREUR 1923-2023 : LE CENTENAIRE. EXPOSITIONS PUBLIQUES, PARLEMENT DE BRETAGNE • SALLE DES PAS PERDUS • DU 8 AU 13 JUILLET 2023.
La célébration du centenaire des Seiz Breur est l’occasion de dévoiler certaines créations inédites de ce mouvement artistique et de mesurer la véritable révolution des codes graphiques et esthétiques qu’il a initiée, tant en Bretagne qu’au-delà. Le constat de ces jeunes artistes, réunis en un groupe que Pierre Abadie-Landel qualifiait en 1924 d’association «amicale, fraternelle et artistique» est éloquent : les arts et les arts appliqués en Bretagne, terre d’une fabuleuse richesse culturelle nourrie d’un passé préhistorique et légendaire, se retrouvent sous la sédation d’une vision folkloriste héritée du 19e siècle et «fomentée» par les élites parisiennes centralisatrices, les ayant mené jusqu’au pathologique «syndrome Bécassine». Pour s’en extraire, ces créateurs cultivent donc le fertile terreau des arts et des traditions populaires de leurs ancêtres, qu’ils se réapproprient, pour en livrer non pas seulement une version moderne, mais résolument tournée vers l’avenir, d’avant-garde, synthèse d’une filiation celtique et médiévale, parfois imaginaire, et de la rupture avec l’astreinte d’un folklorisme imposé, dont les Seiz Breur ont libéré la Bretagne de la servitude volontaire. En cela, Ar Seiz Breur doit être replacé dans le tumultueux contexte des avant-gardes artistiques européennes du début du XXe siècle : Arts & Crafts en Grande-Bretagne, Bauhaus en Allemagne, De Stijl aux Pays-Bas, Futurismo en Italie… jusqu’à la création de l’Union des Artistes Modernes en France.
Tangui Le Lonquer, Consultant Spécialiste Ar Seiz Breur.
Chacun pourra ainsi découvrir ou redécouvrir les Seiz Breur mais surtout se retrouver autour d’œuvres rarissimes parmi lesquelles celles de Jeanne Malivel, René-Yves Creston et Joseph Savina, Xavier de Langlais, pour ne citer qu’eux. En tant que commissaire-priseur en Bretagne, mon métier et ma passion, au-delà de l’expertise sont de promouvoir et de transmettre toutes les formes de créations artistiques par des expositions et des ventes aux enchères. La célébration du centenaire de la naissance du mouvement artistique Ar Seiz Breur m’a ainsi permis, avec Tangui Le Lonquer, spécialiste reconnu de ce mouvement, de créer un partenariat innovant avec les maisons de vente Thierry-Lannon & Associés à Brest et Lorient ainsi que Salorges Enchères à Nantes et la Baule. Ce partenariat est la preuve vivante de notre ambition partagée d’être des acteurs culturels passeurs de mémoire et d’âme en Bretagne.
Carole Jézéquel Commissaire-priseur Membre du Conseil Culturel de Bretagne
À l’aube du XXe siècle, dévalorisée dans sa culture et sa langue, marginalisée par les évolutions économiques, minée par l’exode, la Bretagne semblait condamnée à l’oubli ou promise à l’embaumement comme terre du passé. Elle a su pourtant se réinventer et ce mérite, plus qu’à tout autre composante sociale, doit être attribué à une insoumission de ses intellectuels et de ses artistes, particulièrement après la Grande Guerre. Une poignée de jeunes Bretons entendit ainsi profiter de l’Exposition internationale des arts décoratifs prévue en 1924 pour proclamer spectaculairement une renaissance. Ce petit noyau, provisoirement fixé à Paris, regroupait la Loudéacienne Jeanne Malivel, le Nazairien René-Yves Creston et son épouse, Suzanne Candré, bientôt rejoints par le Nantais Georges Robin, familier comme eux des cours de breton du Cercle Celtique dispensés à la Sorbonne.
Pour le Comité Scientifique, Daniel Le Couédic